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Section SNJ Rhône

Le Progrès

Michel Lucas, jamais sans le décodeur !


Difficile de résumer la « prestation » de Michel Lucas, notre saint patron du Crédit Mutuel, en tournée triomphale dans ses journaux du sud la semaine dernière. Florilège de petites phrases outrageusement mensongères et de provocations plus ou moins préméditées, tenues devant les élus des CE, puis les salariés médusés, son intervention du mercredi 16 février au Progrès restera gravée dans la mémoire collective par la ‘‘qualité’’ de son discours mobilisateur. Mais il ne faut pas croire tout ce qui est écrit dans les journaux… et dans les tracts du SNJ ! Décryptage.

Peut (encore) mieux faire

Le Progrès va moins mal. Sur ce thème, le directeur général Pierre Fanneau avait grillé la politesse au grand patron lors des vœux. Bien que toujours négatif (-5,6 millions d’euros en 2010), le résultat d’exploitation annuel du Progrès s’améliore (-9,08 ME en 2009 et -16,7ME en 2008), tout comme son résultat financier (-5,9 ME en 2009 pour -1,3 ME en 2010). L’idée, c’est de continuer à réduire les coûts et faire des économies pour passer de -8,4 ME de résultat net en 2010 à -4 ME en 2011. Sachant que le seuil pour « revenir à zéro » sera plus difficile à franchir. Une suggestion : vous n’aurez qu’à vous serrer la ceinture !

Le demi-format, ce gadget

« Revenir à zéro », c’est une obsession pour Michel Lucas. Hors de ce slogan, point de salut. Pour y arriver, il faudra faire des économies, réduire les charges, diminuer les coûts, rationnaliser, et puis aussi faire en sorte que tout ça coûte moins cher en terme de charges et de coûts par ailleurs trop élevés. Inutile de penser investissement ou projet, avant d’être revenus à zéro. D’ailleurs, la question du SNJ sur les « projets de développement » et le « projet d’entreprise », il ne l’entend même pas. Pierre Fanneau lève le doigt, tente une percée : « Euh, si, on a quand même un projet, il y a le demi-format qui arrive au mois d’octobre ». D’un croche-pattes verbal, Michel Lucas lui coupe la parole : « Ah oui, mais ça c’est votre gadget » ! OK, on remballe. C’est pourtant un bon moyen de faire des ECONOMIES de papier, et de personnel, non ?

Salariés, trop chers

« Ce n’est pas moi qui ai géré ces journaux pendant vingt ans ». Tous des incapables, tout est dit ! Le banquier préféré des gazettes a au moins une qualité, il sait compter, et ne fait que ça, mais il ne faut surtout pas dire devant tout le monde qu’il a réalisé huit millions d’euros d’économies sur la masse salariale en trois ans, il en tape du poing sur la table. Parce que les départs en clause de cession, ça lui a coûté un bras ! Ah, si seulement on pouvait faire des économies de personnel à pas cher… Sinon, on pourrait pédaler pour faire des économies d’électricité et récupérer les derniers millions qui nous manquent pour « revenir à zéro ».

« Je peux déposer le bilan »

Petite phrase assassine, lancée à la volée devant les élus, pas répétée devant les salariés. « Aujourd’hui, je peux aller devant le tribunal et déposer le bilan de la boîte ». Menace ? Non, une réalité, compte tenu de la situation de l’entreprise, d’un endettement qui atteint les 147 millions d’euros, et d’une situation nette à fin 2010 de -71 millions d’euros. Qui peut croire que le Crédit Mutuel écornerait son image en liquidant une entreprise de presse comme Le Progrès, moins de deux ans après avoir injecté 40 millions d’euros en augmentation de capital, pour acquérir le bâtiment de Lyon-Confluence, dans une juteuse opération immobilière ? Pas le SNJ.

Entreprise par entreprise

Son truc, c’est de travailler « entreprise par entreprise ». Michel Lucas n’aime pas qu’on lui parle du groupe, mais lui aime bien en parler, surtout si c’est pour évoquer les substantielles économies réalisées un peu partout. Plaisantin voire taquin, il aime aussi jouer avec les mots. Genre : « A la date d’aujourd’hui, je n’ai jamais mis les pieds aux DNA et à l’Est Républicain ». C’est bien connu que la filiale France Est n’est pas le nez rouge du Crédit Mutuel au sein du groupe L’Est Républicain. Quant au rachat, ça n’existe pas, le dossier est juste sur le bureau de l’Autorité de la Concurrence.

Le groupe, quel groupe ?

Le groupe Ebra, n’a jamais existé juridiquement, mais seulement « dans la tête de Lignac et Colin » qui voulaient se constituer une jolie « carte de visite ». Et aussi pour les syndicats qui voulaient leur comité de groupe. Autrement dit, Euro-information, Eidos, tout ça, c’était du pipeau ? Les réunions de rédacteurs en chef à Dijon ou Strasbourg pour tirer des plans sur la comète de la mutualisation, ce n’était en fait que des bonnes bouffes entre potes. On nous aurait menti. Sacré Xavier Antoyé, quel cachotier !

Mutualisation, c’est (toujours) non

« La mutualisation, ça n’existe pas » ou bien « c’est normal la mutualisation pour le Crédit Mutuel ». La formule varie mais l’objectif est le même : épaissir l’écran de fumée sur les intentions ‘‘éditoriales’’ du groupe. Pendant ce temps, les projets avancent : partage des futures compétitions sportives nationales et internationales entre les titres (à toi le foot, à moi le vélo), création d’un bureau à Paris comprenant quelques journalistes des différents journaux (dont les DNA, ce journal qui n’a rien à voir avec le groupe). Deux questions, posées par le SNJ : ces journalistes triés sur le volet auront-ils en charge la couverture nationale de la présidentielle de 2012, par hasard ? Devront-ils également assurer la promotion des activités humanitaires du Crédit Mutuel ? Pas de réponse, si ce n’est celle-là : « L’indépendance des rédactions, je l’ai toujours dit, je n’ai pas de problème là-dessus ». Nous, si !

Odeur de sainteté

Michel Lucas ne parle jamais du groupe, sauf quand il s’agit de faire les comptes : « Douze envoyés spéciaux à la Coupe du monde », ça lui est resté en travers. Et lui qui n’a « jamais mis les pieds » aux DNA, il trouve étrange qu’on ait justifié l’envoi d’un envoyé spécial des DNA par rapport à l’équipe nationale allemande. Mais de quoi j’me mêle ? Et le quotidien alsacien, alors, il est dans le groupe, ou pas ? Tout est dans la délicatesse de la chute : « On met les moyens dont on dispose, on pète pas plus haut que son Luc ». Tout un programme.

Ses amis les journalistes

Le SNJ est rassuré, Michel Lucas est très attaché à la « qualité de l’information ». Et s’il n’accorde jamais la moindre interview, il s’inquiète de la confiance du public vis-à-vis de la presse « parisienne », qui écrit « n’importe quoi » sur lui : « A 99%, tout ce qui se dit est faux, y compris sur mon enfance ». Songez que ça a même choqué madame. Il aime à re-raconter l’épisode des Echos, lorsqu’il avait retiré tous les marchés pubs du quotidien économique au motif que ce dernier l’avait bombardé « banquier le mieux payé de France ». A l’occasion, il s’acharne sur un journaliste que personne ne connaît, sans le citer. Dans quel but ? Allez savoir. C’est pour mieux les contrôler qu’il s’est acheté des journaux, le banquier ? En tout cas, big brother is watching you : « Avec les outils actuels, je suis capable de savoir le nombre de lignes écrites par chaque journaliste des journaux du groupe. Il y en a même qui font un article tous les six mois ». Personne ne lui a dit qu’il y avait des secrétaires de rédaction dans les journaux ?

Ses amis les patrons

Le SPQR ? Il adhère et c’est tout. Et ça lui coûte : 800 000 euros ! A la question du SNJ, il répond qu’il n’est pour rien dans la nouvelle donne observée au niveau de la négociation salariale de branche. Ben voyons. Il semble que ces menaces aient été entendues, jusqu’à infléchir sérieusement la politique du syndicat patronal. « Je n’ai jamais menacé de partir, si je veux partir, je le fais demain matin ». Mais si la branche ne coûte plus rien, n’impose plus rien, tout en restant la tirelire des aides à la presse, il n’y a plus vraiment de raison d’en sortir…

Milenium et l’assistanat

A propos du logiciel Eidos, Michel Lucas est assez fier de pouvoir dire que six journaux y sont passés en onze mois. Dans quelles conditions et avec quelles conséquences sur le travail des salariés, ça, clairement, il s’en fout. Et s’étonne même qu’on ait osé lui en demander plus en terme de formation : « Là, ce n’est plus de la formation, mais de l’assistanat ». Un peu comme ça c’était passé pour Milenium, un « non-sens », puisque ça avait « coûté une fortune ». Ce qui est un non-sens, c’est de « travailler tous les jours sur un logiciel qui rame, qui plante quasiment tous les jours depuis trois mois, sans que personne ne sache vraiment régler les problèmes », lui a répondu le SNJ. En pure perte, puisqu’il s’en fout.

Nouvelles têtes au CA

C’est la seule véritable nouveauté annoncée, l’entrée imminente, au sein du conseil d’administration du Progrès, de « personnalités » régionales, « pas d’hommes politiques », mais « que des gens qui représentent quelque chose », à l’image de l’industriel Alain Mérieux, qui aurait donné son accord. Pour quoi faire ? Question de prestige. Le réseau d’influence du Crédit Mutuel passera donc par les conseils d’administration des journaux. Plus que jamais, le SNJ milite pour la reconnaissance de l’équipe rédactionnelle, en tant qu’entité indépendante de tous les pouvoirs.

NB : aucun des journaux détenus par le Crédit Mutuel n’est paru ce samedi 19 février, conséquence du mouvement de grève intersyndical sur le sabordage de la politique salariale de la branche PQR. Au Progrès, 65% à 70% des journalistes au planning du jour ont fait grève.

Lyon, le 21 Février 2011

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