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Section SNJ Ile-de-France

Restructuration de Livres Hebdo : les journalistes votent deux motions de défiance

La direction et la rédaction en chef de Livres Hebdo ont annoncé brutalement le lundi 30 décembre 2019, à l’occasion d’un CSE exceptionnel, un « Projet de réorganisation de Livres Hebdo ». Ce dernier prévoit la suppression de 7 postes de journalistes sur les 14 postes que compte la rédaction (hors pigistes et contrats de professionnalisation) et vise principalement les opérationnels.

Quatre des six rédacteurs seront licenciés, de même que les deux secrétaires de rédaction ainsi que la correctrice-réviseuse dont la direction a déjà tenté de se séparer l’an dernier sur un motif inconsistant rejeté par l’Inspection du travail. Cette décision sera mise en œuvre dès le mois de février 2020.

Dans ce contexte, la Société des journalistes de Livres Hebdo, qui compte 27 adhérents (journalistes en CDI et journalistes pigistes), s’est réunie le vendredi 10 janvier en assemblée générale extraordinaire organisée conjointement avec la section SNJ d’Electre/Livres Hebdo.

Plusieurs questions ont été posées aux 24 membres présents ou votant par procuration ce jour-là.

A la question : « Etes-vous pour ou contre le plan de restructuration de Livres Hebdo, comprenant notamment 7 licenciements ? », les journalistes ont massivement voté « contre » (23 voix et 1 abstention).

A la question, « Faites-vous confiance au rédacteur en chef du magazine pour redresser le journal avec la feuille de route proposée par la direction générale ? », le « non » s’est imposé avec 22 voix (et deux abstentions).

Ces deux motions de défiance traduisent la profonde inquiétude des journalistes quant à leur avenir et à celui de leur journal, détenu par Electre SA.

 

Après le démantèlement des éditions du Cercle de la Librairie, celui de Livres Hebdo

Au-delà de la brutalité de la procédure et de ses conséquences humaines, ce projet de restructuration est aussi une mauvaise nouvelle pour le journal et pour ses abonnés.

Après avoir placé dans le coma les éditions du Cercle de la Librairie, avec notamment la suppression de la collection « Bibliothèques » qui était une référence dans la profession, la direction d’Electre s’attaque au journal qui, depuis 40 ans, est le média de référence du monde du livre : éditeurs, libraires et bibliothécaires, journalistes, programmateurs d’émissions de télé ou de radio, et festivals littéraires.

Le communiqué publié lundi par la direction de Livres Hebdo, complété par un entretien du rédacteur en chef dans Le Figaro, présente le projet de restructuration sous un jour attractif en mettant en avant la dimension « tout numérique », comme s’il s’agissait d’une garantie de modernité et de qualité. La réalité que recouvre ce projet est en fait beaucoup moins reluisante au-delà de ses conséquences sociales.

 

Le choix de l’information low cost

A partir de septembre, le journal papier deviendra mensuel, l’essentiel de l’information étant publié sur Internet via des newsletters. Pourquoi pas ? A condition que la qualité et la fiabilité soient au rendez-vous.

Or, en se débarrassant de ses journalistes au motif qu’ils seraient, selon la direction, trop qualifiés pour intégrer la nouvelle formule du journal, la direction fait clairement le choix de l’information au rabais. Pour exemple, il n’y aura plus de rédacteurs dédiés aux librairies et aux bibliothèques au sein de la rédaction où seuls deux postes de journalistes permanents seront maintenus, auxquels s’ajouteront deux étudiants en contrat de professionnalisation. Ces journalistes travailleront dans une « newsroom » digitale et se consacreront vraisemblablement au suivi de l’ensemble du monde du livre, produisant de façon continue des articles d’actualité alimentant les flux digitaux.

Après avoir licencié ses journalistes, tous experts dans leur secteur depuis de nombreuses années, la direction prévoit d’avoir recours à « un réseau d’experts extérieurs ». Il est à craindre qu’il s’agisse en fait de journalistes au statut précaire, payés à la pige. On peut craindre également la généralisation des publi-reportages qui ne disent pas toujours leur nom, comme on a commencé à les voir fleurir au cours des derniers mois.

La mutation sur le web et le changement de périodicité peuvent être une bonne solution. Mais notre direction a fait le choix, significatif de l’état d’esprit qui l’anime, de mener cette mutation avec des moyens humains complètement dégradés.  Les professionnels du livre auront-ils envie d’acheter un journal élaboré dans ces conditions, où la seule motivation est de produire à moindre coût, au détriment de la qualité de l’offre fournie ?

 

Un modèle économique fantaisiste

Même si les difficultés de Livres Hebdo sont réelles, cette restructuration n’est pas une fatalité mais le fruit d’un choix délibéré de la part de la direction de l’entreprise éditrice, Electre, et de son actionnaire, le Cercle de la Librairie. La société a cependant les moyens de se transformer sans casse : elle dispose de 12,3 millions d’euros de fonds propres inscrits à son bilan, fruits de ses bénéfices antérieurs. Le Cercle de la Librairie possède aussi des réserves financières et un patrimoine immobilier considérables, accumulés grâce aux résultats de sa filiale.

La direction présente aujourd’hui Livres Hebdo comme un « danger » pour la survie de l’entreprise. Or, le projet proposé n’apporte aucune solution à la situation déficitaire de l’entreprise. A l’issue des licenciements, il restera quatre rédacteurs en chef ou rédacteurs en chef adjoints, un photographe, l’assistante de la rédaction, deux journalistes et deux étudiants en formation.

Dans ces conditions affirmer que cette réorganisation, qui se limite en réalité à un plan de licenciements, va permettre de redynamiser l’offre de Livres Hebdo est totalement fantaisiste : comment prétendre relancer la croissance du chiffre d’affaires et augmenter les recettes publicitaires en passant d’hebdomadaire à mensuel, avec un contenu réduit, diffusé en majorité sur Internet, où la valeur perçue et le consentement à payer sont moindres ?

Ce projet n’est donc que la première étape du démantèlement de Livres Hebdo, dont la viabilité économique ne sera en rien renforcée, bien au contraire. Il s’agit d’une destruction de la valeur de la marque Livres Hebdo dont son actionnaire devrait s’inquiéter. Croire résoudre le problème en proposant une info au rabais, aussi continue et immédiate soit-elle, c’est avoir un train de retard sur ce qui se fait actuellement dans la presse où les rares réussites sont celles de la qualité. Et c’est précipiter le magazine vers une mort certaine.

 

Si vous tenez à Livres Hebdo, manifestez votre opposition  à ce plan de restructuration en signant la pétition sur :  http://chng.it/VgstRwwp

 

Contacts :

SNJ : Gilles Viellard  snj-livreshebdo@gmail.com

SDJ : Pauline Leduc sdj-livreshebdo@gmail.com

 

Pour nous suivre : Twitter : @HebdoSdj

Facebook : SDJ Livres Hebdo

Paris, le 10 Janvier 2020

Thèmes : Licenciement

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