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Section SNJ Côte d'Azur-Corse

Nice-Matin fait appel à une « armée pacifique de partenaires »

L’intersyndicale de Nice-Matin a été reçue, pendant presque deux heures ce 13 août 2014, par les cabinets de trois ministères : la Communication, l’Economie et le Travail. Son porte-parole et délégué SNJ, Jean-François Roubaud, a pu présenter et expliquer le projet de reprise dont il est l’initiateur. Les représentants de l’Etat l’ont trouvé sérieux et se sont engagés à fournir assistance technique et juridique afin qu’il puisse avoir toutes ses chances devant le tribunal de commerce qui va décider à la rentrée de l’avenir du quotidien.

« Simonne a 91 ans. Elle s’occupe depuis la nuit des temps d’un refuge pour animaux dans le Var, du côté du Thoronet. Fortuitement, Roselyne a appris que le quotidien qui l’a accompagnée une grande partie de sa vie était en danger. Lui et les gens qui le font vivre. Roselyne, ça l’a mise en colère. Dieu sait pourtant que comme tout un chacun, elle nous a tour à tour aimés, détestés, elle nous a dévorés, puis délaissés, mais elle ne nous a jamais perdus de vue. Avec ses petits moyens, sans que personne ne le lui ait demandé, Roselyne est notre donneur zéro. 3800 euros de ses économies, elle les a mis sur notre rêve pas si fou ».

Ainsi est née ce mois-ci la campagne « L’enjeu c’est ton Quotidien, Sauvons les journaux Nice-Matin, Var-Matin et Corse-Matin ». En grande difficulté financière à la suite d’une gestion calamiteuse de GHM (Groupe Hersant Média), Nice-Matin a été placé en redressement judiciaire fin mai. Le journal est donc en vente et plusieurs repreneurs ont fait acte de candidature, déposant auprès du tribunal de commerce de Nice des dossiers qui parlent avant tout de casse sociale : le groupe belge Rossel (La Voix du Nord), Azur Santé, Georges Ghosn (ex-propriétaire de La Tribune), Paris-Normandie et Bruno Ledoux, déjà repreneur de Libération.

Salariés et lecteurs mobilisés

Les salariés veulent eux parler d’avenir. Journalistes, ouvriers du Livre, rotativistes, administratifs, commerciaux et avant tout attachés à leur journal, ils croient en l’avenir d’un titre qui génère 90 millions de chiffres d’affaires, quotidiennement acheté par 130 000 personnes et régulièrement lu par 800 000 Azuréens, Varois et Corses. C’est pourquoi, ils ont aussi fait une proposition : celle de racheter eux- mêmes Nice-Matin, en constituant une SCOP (société coopérative et participative). Ce n’est pas un rêve, c’est possible, ça peut marcher ! Le capital de départ est déjà trouvé : chaque salarié du groupe est appelé à participer au financement. Avec l’aide de l’Union régionale des SCOP, le soutien de banquiers vertueux et grâce à un partenaire privé qui est prêt à suivre sur un deal 60-40. Là où les autres candidats veulent licencier en masse, ce projet s’en tient à de simples départs volontaires. En ne faisant partir que 120 salariés-volontaires, cette proposition est en mesure de réaliser 14 millions d’euros d’économie afin de remettre le journal sur les rails d’une gestion saine.

L’appel aux lecteurs concernant 300 000 euros permet lui de sauver dix emplois. Alors que les candidats à la reprise s’apprêtent à sacrifier les plus jeunes salariés sur l’autel du retour à une rentabilité immédiate, ce montant assure aux quinquagénaires volontaires de partir avec des indemnités dignes de ce nom. Ainsi, le projet de reprise repose sur une contribution directe des salariés, l’accompagnement de l’union régionale des SCOP, le soutien de partenaires privés et un financement bancaire des investissements... Sans oublier, symboliquement mais ô combien importante, la contribution du public !

Déjà 160 000 euros récoltés

En une semaine, déjà 160 000 euros ont été récoltés (chacun donne ce qu’il veut, à partir de cinq euros, avec ou sans contrepartie listée), via un site dédié (http://fr.ulule.com/sauvons-nicematin/) et de nombreux messages de soutien ont afflué, qu’il s’agisse de particuliers, d’associations ou de personnalités. Bien sûr, les dons seront remboursés si le projet des salariés n’est pas retenu. Le dossier a pris en outre un tour politique, tous bords confondus, ce qui a donné à ce projet une visibilité médiatique indéniable, au-delà de son caractère inédit et optimiste. Pour preuve, le soutien public de la ministre de la Culture, qui a reçu ce mercredi les représentants du personnel.

L’aventure se poursuit jusque fin septembre, quand seront examinées les offres de reprise par le tribunal. En attendant, la campagne de recrutement continue. Les salariés d’un grand journal régional issu de la Résistance ont en effet bien l’intention de lever une armée pacifique de partenaires. Pour la défense du pluralisme et de la liberté d’information, des emplois et des conditions de travail. Avec le soutien sans faille du SNJ, premier syndicat de la rédaction, au coeur d’une formidable bataille dépassant les frontières de la région et du titre. De quoi encourager ce qui n’était encore récemment qu’une utopie.

Bien évidemment, les adhérents du SNJ sont appelés, s’ils le souhaitent, à apporter leur pierre à l’édifice et à relayer cette action... Pour cela, rien de plus simple. Pour ceux qui veulent envoyer des chèques à la SCMO Nice-Matin : SCMO Nice-Matin, 214 boulevard du Mercantour, 06290 Nice cedex 3.

Paris le 14 Août 2014

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