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Section SNJ Midi Pyrénées

Dépêche du Midi

Femmes journalistes, levez-vous, votre hiérarchie vous méprise !


Les femmes journalistes de l’UES Dépêche sont moins méritantes que les hommes : la direction l’atteste par ses actes et ses écrits.



Après une réunion dite « de négociation » vite expédiée fin décembre, la direction n’a pas tardé à envoyer, le 27 décembre, aux organisations syndicales (OS) représentatives de l’UES Dépêche, un constat de désaccord  sur « l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes et qualité de vie au travail », préférant ainsi élaborer son plan d’action unilatéral, soit le projet d’accord présenté aux OS, sans reprendre aucune des propositions syndicales.

Le SNJ ne peut que déplorer, une fois de plus, qu’un sujet aussi important que l’égalité professionnelle, ne soit pas pris à bras le corps alors qu’il faudrait, depuis des années, éradiquer l’atavisme machiste de nos dirigeants, plus particulièrement prégnant encore à la rédaction et qui conduit à des inégalités de traitement en défaveur des femmes, pointés années après années par le SNJ, sans qu’aucune mesure concrète et efficace ne soit prise. Qu’on en juge !

Constat chiffré : les différences continuent de se creuser comme le prouve l’augmentation de l’écart moyen de rémunération entre hommes et femmes journalistes,  de - 400 euros en 2003 en défaveur des femmes, on est passé à -515,52 euros en 2012, puis à -759,62 euros en 2015, il a été pulvérisé par ce triste record de -837,6 euros en moyenne mensuelle en défaveur des femmes en 2017 (*).

Absence de mesure : la direction nie que cet écart soit dû à quelque mesure sexiste ou discriminatoire. Et pourtant…

Constat chiffré : les différences continuent de se creuser car les femmes sont toujours aussi peu nombreuses dans la hiérarchie de la rédaction où elles n’occupent que des postes de second plan. Les promotions opérées dernièrement par la direction en rajoutent : nous avons recensé seulement 2 promotions de femmes pour 15 postes pourvus dans la hiérarchie rédactionnelle ces cinq dernières années, soit un taux de promotion de femmes de 13% ! Il n’y a toujours pas de femme à un poste à responsabilité dans la plus haute hiérarchie des rédactions (postes de rédacteur-en-chef, rédacteur-en-chef adjoint, responsable départementaux, secrétaire général de la rédaction).

Absence de mesure : La direction n’entend pas modifier cet atavisme. Même si elle reconnaît « un déséquilibre sur la présence des femmes à des postes à responsabilité », la direction refuse de s’engager sur un pourcentage plus élevé de femmes dans la hiérarchie rédactionnelle, se contentant de « rechercher les potentialités pour favoriser la mixité ».  Et elle ne veut pas établir de fiches de postes afin que les fonctions dans la hiérarchie soient compatibles avec la vie familiale, comme lui a proposé le SNJ. Ni manifestement former des femmes au management…

Constat chiffré : les différences continuent de se creuser comme le prouve la rémunération moyenne des femmes journalistes, en baisse. Entre 2016 et 2017, la rémunération moyenne mensuelle des femmes journalistes a chuté drastiquement de 165,36 euros, soit -4,5% ! Et même sur cinq ans, les femmes journalistes accusent aussi une baisse moyenne de rémunération : de 1% (contre +2,52% pour les journalistes hommes).

Les raisons sont plurielles : moins de promotions individuelles chez les femmes et encore moins dans la hiérarchie, des primes exceptionnelles quasiment réservées aux hommes et dont le montant est supérieur à l’enveloppe «égalité professionnelle » quasiment réservée aux femmes, des primes « égalité professionnelle » souvent concentrées peu de temps avant le départ à la retraite donc peu pérennes (et peu coûteuses), un plus fort pourcentage de femmes nouvellement embauchées dans les entreprises ayant les statuts les moins rémunérateurs (Dépêche News, Dépêche Hebdos), sans compter ici le grand nombre de femmes journalistes rémunérées à la pige que la direction oublie dans ses statistiques. La direction aurait choisi les femmes comme cheval de Troie de la baisse des rémunérations à la rédaction qu’elle ne s’y prendrait pas autrement…

Absence de mesure : Pour la direction, « les rémunérations par postes comparables sont à des niveaux très proches » et il n’y a donc pas lieu de prendre quelque mesure que ce soit. Et sans doute se réjouit-elle de la baisse de la masse salariale des femmes journalistes,  due en partie ces deux dernières années au dumping social des embauches à Dépêche News.

Constat chiffré : les différences continuent de se creuser car de  2012 à 2017, 112 journalistes hommes ont reçu des promotions individuelles tandis que seulement 13 femmes ont été promues. Soit un ratio de seulement 11,6% de promotion individuelles accordées à des femmes journalistes qui représentaient fin 2017 26,4 % des effectifs rédactionnel. L’année 2017 est dans cette continuité attristante, malgré les engagements de la direction, avec un ratio de 12,6% seulement.

Absence de mesure : la direction ne veut pas s’engager sur un pourcentage de promotions individuelles plus important estimant qu’on ne peut soumettre à des mesures « contraignantes » l’attribution des augmentations individuelles. Résultat : les femmes journalistes doivent donc le plus souvent « se contenter » d’un « rattrapage » due à l’enveloppe égalité-professionnelle. Ainsi, contrairement aux hommes, les femmes évoluent moins grâce à leur « mérite », que parce que la direction se sent obligée de rétablir pour elles (moins méritantes selon les décideurs) un semblant d’équité. Aux décisions de promotions sexistes chiffrées s’ajoute donc une humiliation sexiste très claire

Constat chiffré : les différences continuent de se creuser car les primes exceptionnelles sont l’apanage du sexe dit fort : en cinq ans, 68 primes individuelles, ont été allouées à des journalistes, dont seulement 6 à des femmes. Soit, là aussi,  un pourcentage de femmes primés de 8,8%. Qui plus est, le montant des primes décernées aux hommes est, chaque année, supérieur au montant des points attribués aux femmes dans le cadre de l’égalité professionnelle.

Absence de mesure : la direction refuse que les deux montants ci-dessus soient comparés, nivelés, ou soumis à quote-part comme le propose le SNJ. Pire, la direction refuse toute mesure « contraignante » car, écrit-elle dans son PV de désaccord, « les primes et les augmentations sont attribuées de manière exceptionnelle et individuelles, non en fonction du sexe, mais bien en fonction du mérite ». Autrement dit, par cet écrit, la direction reconnaît que, si depuis des années, le ratio de femmes journalistes primées ou promues est inférieur à celui des hommes, c’est que les femmes ont individuellement moins de mérite que les hommes ou yeux des responsables de la rédaction. Le sexisme est donc bien avéré. Qu’attend la direction pour sanctionner les cadres coupables de ce sexisme fautif ?  


Au lieu de cela, non seulement la direction ne prend aucune mesure efficace, mais elle refuse d’intégrer toute proposition des organisations syndicales. Elle expédie les négociations en un minimum de temps, elle refuse de faire le bilan annuel de ses mesures unilatérales ou des « indicateurs » qu’elle présente dans ses « engagements » qui ne l’engage en fait à rien et qui peuvent changer chaque année. Elle se contente, malgré l’absence de résultat chiffré, de pérorer année après année que ses engagements « sont de nature à réduire, voire résorber les inégalités professionnelles entre les hommes et les femmes ». La direction remplit ses obligations légales vis à vis de la Direccte, même si ses « engagements » n’ont pas d’effet et alors que les écarts se creusent année après année, comme le prouvent les données chiffrées. C’est déplorable, indigne et condamnable !

 

(*) Il s’agit ici de rémunération brute. Notons que nous ne disposons pas encore des données de l’année 2018. Sans doute l’écart a-t-il encore grandi. Malgré nos demandes de fin décembre 2018, la direction n’a pas souhaité faire un bilan de son plan d’action unilatéral de l’année écoulée.

 

 

Toulouse, le 15 Janvier 2019

Thèmes : Discrimination

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