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Communiqués de presse

Agressions de journalistes : pour un sursaut citoyen


Une fois encore, une fois de trop, l’Acte VI de la mobilisation du mouvement des Gilets jaunes a donné lieu ce week-end à des violences contre des journalistes et des équipes de reportage. Le Syndicat national des journalistes (SNJ), première organisation de la profession, dénonce et condamne avec la plus grande fermeté cette nouvelle série d’agressions aussi lâches que stupides, et incite fortement les consoeurs et confrères à déposer plainte systématiquement, pour ne pas banaliser ces actes inadmissibles.

Le SNJ rappelle qu’il se portera en justice au côté de l’ensemble des journalistes qui le souhaiteront.

Depuis le 17 novembre, et le début du mouvement des Gilets jaunes, les exactions se sont multipliées contre les salariés des médias, visiblement responsables de tous les maux de la société : reporters pris à partie, insultés, menacés nominativement sur les réseaux sociaux, interpellés voire bousculés, frappés, poursuivis dans la rue…

Après les événements gravissimes du 24 novembre à Toulouse, lorsque trois journalistes de C-News et BFM-TV avaient échappé à une tentative de lynchage, sur la place du Capitole, de la part d’une centaine de personnes, ce climat délétère ne s’est jamais apaisé. Mardi 18 décembre, une JRI de France 3 a été frappée à la tête à l’aide d’une queue de billard, par un individu portant un gilet jaune, sur un rond-point, dans les Yvelines.

Samedi 22 décembre, dans la Loire, une équipe de BFM-TV puis une journaliste du quotidien régional Le Progrès se sont fait molester à une heure d’intervalle, sur le même site de l’aire du Pays du Gier, en bordure de l’autoroute A47. Des scènes d’intimidations ont été décrites aussi à Lille, ou encore à Vintimille. Dans l’après-midi, deux consoeurs du bureau de France Télévisions de Montpellier ont été agressées physiquement par une foule hostile qui les avait encerclées, alors qu'elles couvraient un rassemblement à proximité du péage de l’autoroute A9 du Boulou, près de la frontière franco-espagnole.

Cette escalade est d’autant plus incompréhensible que jamais un mouvement social n’avait fait l’objet d’un traitement journalistique d’une telle ampleur, que ce soit des chaînes d’info en continu ou de l’ensemble des médias, y compris par anticipation. Si la critique de la presse est légitime, et si la défiance d’une partie du public vis-à-vis de la profession peut se comprendre, au regard de certains dérapages médiatiques, ou des mots de trop de quelques éditorialistes qui ne représentent qu’eux-mêmes, aucune colère ne saurait justifier la violence contre les journalistes, de la part des mêmes qui souvent nous reprochent d’avoir trop montré la violence de ce mouvement.

Alors qu’un vent mauvais souffle sur la liberté de la presse, le SNJ en appelle à un sursaut citoyen, dans les rangs de ce mouvement qui se revendique de la citoyenneté, et dans l’ensemble de la société. Ce sursaut doit concerner tout autant les responsables politiques de tous bords qui justifient ces actes de violences, qui ont fait de la haine des médias leur fonds de commerce, mais qui ne rêvent de rien d’autre que d’une presse aux ordres. Ce sursaut doit concerner aussi les directions et les hiérarchies des médias, trop souvent complaisantes avec le sensationnalisme, au nom de la course à l’audience, au détriment de la réflexion journalistique. Encore une fois et plus que jamais, le SNJ appelle la profession à prendre le recul nécessaire, en toutes circonstances, pour rendre compte de l’actualité avec la plus grande objectivité, dans le respect de la hiérarchie de l’information et de nos règles éthiques.
 

Paris, le 24 Décembre 2018

Thèmes : Liberté

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